Gérant d'un bar, c'est pas le métier de mes rêves, mais c'est quand même pas mal après toutes mes péripéties. Depuis ma retraire bien anticipé, j'essaie d'avoir une nouvelle philosophie de vie, je me force à aller bien, à aller de l'avant et à avoir des pensées positives. Je sais très bien qu'en temps normal la vie n'est pas longue, c'est vrai elle peut s'arrêter à tout moment et pour tout le monde, mais disons que lorsque nous sommes en bonne santé, ces choses-là on y pense beaucoup moins voir pas du tout, mais lorsque nous nous savons plus ou moins condamné comme moi, les choses sont différentes. Je n'y pense pas, je passe au dessus de tout ça et tant pis pour le reste, j'essaie de profiter autant que possible de la vie et de bonnes choses. Si niveau professionnel ça semble aller plus ou moins, niveau vie privée en revanche c'est une catastrophe puisqu'à mon âge je suis toujours célibataire, j'ai jamais été marié et j'ai toujours pas d'enfant pour le plus grand malheur de mes parents, mais surtout ma mère. J'ai peur de faire confiance et puis je dois être honnête j'ai aussi peur de mourir et j'ai pas envie de faire souffrir une femme et éventuellement des enfants avec si je venais à perdre la vie à cause de ce que j'ai depuis mon retour du front …
Comme tous les jours maintenant j'ai le même quotidien, je me lève tôt pour me rendre dans mon bar et faire une journée complète jusqu'au soir. Par moment je suis tout seul à faire tournée la maison, par moment il m'arrive d'avoir quelques employés. J'essaie d'être quelqu'un de bien, j'essaie de donner du boulot à des personnes réellement en galère le temps de se refaire, jusque là ça marche plutôt bien. Aujourd'hui je termine ma journée plus tard que prévu, mais c'est pas grave au moins j'ai l'esprit occupé et c'est pas plus mal. J'attends qu'il n'y est plus personne dans le bar pour pouvoir commencer le nettoyage. C'est pas forcément la partie que je préfère le plus … mais quand il faut, et bien il faut tout simplement.
« Il reste une bière pour moi ou le bar et fermé ? » Je suis dos au comptoir, en réalité j'ai pas besoin de me tourner pour savoir de qui il s'agit puisque je pourrais reconnaître sa voix entre mille autres. Un sourire s'affiche alors sur mon visage puis je me retourne enfin, déposant mon torchon sur mon épaule.
« Pour les jolies demoiselles je fais toujours un effort. » Je sors alors une bière, que j'ouvre et que je dépose sous ses yeux.
« Aussitôt dit, aussitôt fait. »