Bédelia + The mustang kids are out

« Mais sérieux tu as déjà mangé un burrito comme celui-là ? Il est si grooooooos ! » La rouquine jetait un regard farouche et passionné au met mexicain qu’elle tenait entre les mains. Et elle se mordait la lèvre avec envie, histoire d’attirer l’attention des gens autour d’elle et de mettre mal à l’aise son amie Lou. Elle était d’une timidité ! Cette femme enfant avait un côté tellement pur… Que Bédelia avait encore aujourd’hui l’habitude de la taquiner. D’ailleurs, Lou commençait à gesticuler sur sa chaise, n’osant même pas jeter un œil au monde autour d’elles et encore moins à son propre repas. « B., on nous regarde un peu trop à mon goût… » Mais Bédelia continuait de vivre une histoire d’amour torride et visuelle, et ignorait encore un peu sa meilleure amie pour déclarer aussi fort que possible. « Ouais mais regarde-moi ça ! Ça dégouline de sauce et le poulet est tellement … juteux ! » Lou se décomposait en silence à présent, et commençait à avoir les joues roses. Alors B. décida de croquer férocement dans son snack, avant de gémir et de s’exclamer. « Burrito ! Burritos !! » Cette fois son amie avait éclaté de rire avant de se mettre une main devant la bouche, pour murmurer avec une honte amusée. « Mais enfin tu as fini de hurler comme ça ?! Ce n’est pas possible tais-toi un peu ! » Bédelia ne tenait pourtant plus en place, et s’apprêtait à mimer l’orgasme au burrito. « Burritooooooo… » Mais le sandwich de son amie l’empêcha de monter dans les aigus. Lou venait de lui enfoncer le sien directement entre les dents pour la faire taire. Et les deux jeunes femmes éclatèrent de rire de concert alors que B. tentait de ne pas s’étouffer avec la nourriture qu’elle mâchait péniblement. Puis elles reprirent le court du repas comme si de rien n’était. « Bon alors… comment ça va toi ? Avec Monsieur Grosse Boss ? » Évidemment, elle parlait de leur patron commun… qui semblait avoir un effet quelque peu étrange et hypnotique sur la belle Lou qui venait à nouveau de piquer un fard. « Bon écoute Lou, ça sert à rien de tourner autour du pot d’accord ? S’il te fait un jeu de regard équivoque, tu retires ta culotte et là, il verra que la moonette de sa femme est très loin d’être l'astre de son astéroïde. » « Bédelia… » Elle soupira, mais lâcha un sourire complice à sa meilleure amie. Puisqu’elles se connaissaient depuis la faculté, il n’y avait pas de tabous entre elles. Pas de secrets. Où si, peut être un… celui que B. gardait pour elle. Celui de ses yeux… parce qu’elle n’arrivait pas une seule seconde à laisser les mots passer et la vérité éclater. Au-delà de ça, Bédelia n’avait pas un seul secret pour Lou, qui était plus qu’une amie. Elle était une sœur, celle qu’elle n’avait jamais eu. Certes ses deux papas avaient une importance vitale pour B. Mais Lou… c’était différent. Elle avait besoin d’elle. Elle était fragile et Bédelia était celle qui remontait sa jauge de courage et de bonne humeur quand elle en avait besoin. Pour Lou, Bédelia avait de l’importance, elle était utile. Et finalement, il n’y avait personne d’autre en ce monde qui avait besoin de B. Pour le commun des mortels, elle n’était rien. Alors Lou était elle aussi, le pilier de son existence. « Bon d’accord j’arrête ! Mais n’empêche que tu devrais arrêter de te prendre la tête et t’amuser un peu plus. » Une mélodie qu’elle lui chantait très souvent, pour que Lou arrête de cogiter et se lâche un peu… Pour l’instant, ce n’était pas encore une réussite mais la vie était pleine de surprise ! « C’est sûr que toi, tu sais t’amuser n’est-ce pas ? Toujours pas de prétendant officiel ? » Une petite moue se dessina sur le visage de la rouquine, avant qu’elle ne hausse les épaules en tripotant son burrito du bout des doigts. Elle avait l’air pensive, d’un seul coup. Être sans attaches avait toujours été dans ses habitudes. Enchainer les hommes pour le plaisir, pour s’éclater… c’était bien mais… A présent qu’elle prenait de l’âge, B. doutait de son mode de vie et semblait manquer de quelque chose d’important. « Je sais pas, je me dis qu’il faut que je fasse un gosse … » La tronche de Lou ressemblait à celle d’une créature de cartoon qui laissait sa mâchoire s’affaisser sur le table. Bédelia ricana après quelques secondes avant de lâcher. « Mais nan je déconne ! Tu verrais ta gueule Lou… C’est magique ! Non mais tu me vois moi ? Maman ? Quelle horreur… » Et pourtant, il y avait un fond de vérité. Quelque chose qui murissait dans son esprit et qui un jour pourrait sans doute émerger. Parce que même si la rouquine était bien entourée, même s’il y avait Lou et quelques amis. Même si elle avait des connaissances, une vie active et une belle carrière… quelque chose manquait à son existence. Elle ne savait pas quoi… mais quelque chose. « Ce ne serait pas si mal, tu sais… » Cette fois c’était à la rousse d’être mal à l’aise. Aussi donna-t-elle le change en volant dans l’assiette de sa comparse, l’air de rien. « Mais arrête t’es conneries ! Et puis regarde, j’ai besoin de rien de plus ! J’ai un boulot cool, une pote d’enfer, des mecs à la pelle… et un BURRITO ! Oh mon amour… viens par là… » Mais à présent la brune ne rougissait pas. Elle se contenta de juger son amie du regard, avant de lâcher en soupirant. « Ô ferme là B. … »