qu'est-ce qu'on s'en branle du futur quand on comprend pas le présent ?

Le petit blondinet s'agite devant la voiture alors que sa mère termine d'attacher sa petit sœur dans son siège à l'arrière. « Mais je veux m'assoir devant ! Edvin il a le droit lui ! » Il fait son caprice comme presque tous les matins, sauf qu'aujourd'hui Viola n'a pas le temps de se battre avec son fils. Ils sont déjà en retard, alors la mère de famille soupire avant d'ouvrir la portière passager, s'avouant battue avant même d'avoir tenté de se battre. « Vas-y monte, mais c'est jute pour aujourd'hui, et parce que nous sommes en retard. Demain tu seras derrière avec ta sœur. » Elle est sur les nerfs, pourtant ça ne semble en rien affecter le petit Ozren, qui lui grimpe sur son siège victorieux. Il se retourne, regarde sa cadette et lui tire la langue histoire de la narguer un peu plus. « Ozzy attaches-toi, et laisses ta sœur tranquille. » La voiture démarre, pourtant Ozzy n'obéit pas. Il continue de narguer sa sœur qui se met à pleurer. Du coup Viola commence à être agacée et gronde encore un peu plus son fils, qui continue son cirque. Pire encore, voilà que le petit blond fait un nouveau caprice à présent. « Je veux une glace maman ! Je veux, je veux, je veux ! » La jeune femme lui jette un regard assassin, avant de lui dire que, non, il n'aura pas de glace avant d'aller à l'école et qu'il a intérêt à s'attacher sinon elle va le laisser sur le bord de la route ! Le gamin ronchonne en danois, et finit par enfin s'attacher. Mais pour le reste, il continue à faire son petit diable, jusqu'à ce que Viola explose et se mette à lui hurler dessus pour qu'il s'arrête. « MAMAN ! » C'est la dernière chose qu'on entend dans la voiture avant le choc. Violent. Inévitable. Mortel.
Lorsqu'on les emmène à l'hôpital, Ozzy ne souffre que de quelques contusions sans gravités, tandis que sa petite sœur, elle, semble bien mal au point. L'état de la mère par contre est sans appel, elle est décédée sur place.

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Dix ans sont passés. Dix longues années depuis le drame. Ozzy n'est plus ce petit gamin blondinet capricieux, qu'il a été à l'époque. C'est un adolescent aujourd'hui, et pas forcément un des plus fréquentables. Il se sent seul, il se sent coupable, il ne sait pas trop quoi faire de sa vie. Alors il traîne avec des gens pas très fréquentables, et se laisse embarquer dans des histoires pas très nettes. Oz c'est le petit délinquant typique, cet ado paumé qui se laisse impressionner par des plus âgés qui lui promettent de l'argent facile. Faut dire aussi que le gamin a plus tant de repaires depuis que son frangin a disparu de la carte. Enfin c'est aussi un peu de sa faute, il aurait pu le suivre, mais il a préféré son père. Alors Ozzy se retrouve là, à courir comme un débile au milieu de la rue. « T'iras pas loin Ozzy, on va te faire la peau ! » Il rigole doucement face à la menace. C'est pas comme si Ethan et sa bande était capable de le rattraper ! Les flics, par contre, c'est une autre histoire... il finira souvent au poste, mais mineur il s'en sortira toujours. Et même si aller le rechercher énerve toujours plus son paternel, Ozzy ne veut rien changer à sa vie. Il arrête d'aller en cours, et se fait de l'argent en volant, en dealant, en faisant un peu tout et n'importe quoi. Et finalement ça a dû bon, les bleus de son père, il peut dire qu'ils lui viennent d'un pépin, c'est plus facile à avaler, même pour lui. Et c'est à cette période qu'il a rencontré les deux types qui deviendraient ses meilleurs potes et le sortiraient de la merde dans laquelle il venait de s'enfoncer.

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Il a la clope au bec, les pieds sur l'bureau en attendant que le temps passe. Il regarde un épisode d'une série qui l'intéresse pas vraiment sur l'écran cassé de son téléphone. Il faut bien qu'il s'occupe tandis qu'il bosse. Faut dire que lorsqu'il est de corvée de nuit, il a pas grand chose d'autre à faire d'autres. Ozzy s'est posé, il bosse depuis quelques années déjà dans cette auberge de jeunesse pas trop craignosse. Il s'entend bien avec ses collègues, s'amuse quand il s'occupe du bar crawl du vendredi soir et qu'il peut choper une petite étrangère au passage. C'est juste qu'il est pas hyper bien payé, mais au fond, il s'en branle pas mal, parce qu'il a toujours des bons plans pour s'en sortir d'une manière ou d'une autre. Et quelques vieilles habitudes qui ont la vie dure... En attendant, il est persuadé qu'un jour son groupe va cartonner et qu'ils deviendront riches et célèbre. Antigravity, c'est sa deuxième famille, c'est son monde. Et depuis qu'ils jouent leurs propres compos, ils arrivent à décrocher pas mal de petits concerts au fond des pubs. C'est pas encore trop la gloire, mais c'est un bon début. La sonnerie de son portable résonne dans le hall vide. « Putain, tu fais chier ! [...] Non, tu bouges pas. J'arrive. » C'était la petite sœur, sa mini-crotte, la prunelle de ses yeux. Elle s'est encore foutu dans la merde, mais comme d'hab, Ozzy va voler à son secours, parce que c'est ce qu'il fait toujours... Il écrit deux mots à la va vite sur du papier qui traînait là, un qui se retrouve sur son comptoir, l'autre qu'il colle à la porte qu'il referme derrière lui. Il fait à peine cent mètres et sonne à la porte de l'auberge de jeunesse suivante. « Mec, ma frangine a besoin de moi. J'en ai pour 1h max, on fait comme d'hab ? » L'autre type a pas le temps de lui répondre, qu'Oz se barre déjà. C'est souvent comme ça, Ozzy qui doit partir et lui qui se retrouve à devoir gérer deux auberges de jeunesse à la fois. Mais bon, le brun a toujours su lui rendre la pareille, alors il s'y plie, sans trop ronchonner.